Coulez le Barracuda by Michael Dimercurio

Auteur:Michael Dimercurio [Dimercurio, Michael]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: L'Archipel (1998) ch
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

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Océan Pacifique nord-ouest

USS Barracuda

Le bâtiment vibrait légèrement sous la poussée du propulseur à vitesse maximale. Le capitaine de vaisseau David Kane entra au carré, où l’attendaient tous ses officiers non de quart.

Plus grand que la moyenne, Kane avait les cheveux noirs et le teint mat. Son visage était buriné, les pommettes hautes au-dessus de joues bien dessinées et d’un menton carré. Il avait la réputation d’être le commandant le plus intelligent, mais pas le plus travailleur. Il passait son temps libre sur la plage, à courir, promener ses chiens ou bronzer, allongé avec sa femme Becky et leurs deux filles. Kane avait rencontré sa femme durant sa première année à l’École navale : avec un ami, ils avaient écrit au modèle de la page centrale d’un numéro de Playboy. Une simple farce, mais la jeune femme avait répondu deux mois plus tard. Ils avaient correspondu pendant quelques semaines et avaient décidé de se rencontrer dans un bar de Georgetown. Pour Kane, cela avait été le coup de foudre. Il l’avait demandée en mariage dès leur première entrevue, elle s’était contentée d’en rire. Au printemps, ils étaient partis ensemble en vacances aux Bermudes. Un soir, à l’heure du crépuscule, sur la plage, il avait laissé tomber au creux de ses mains la plus grosse bague que ses moyens lui avaient permis d’acheter. Cette fois, elle ne rit pas. Au contraire, elle fondit en larmes. Ils étaient fiancés depuis deux mois lorsque Kane avait rencontré l’amiral Rickover, le fameux père de la propulsion nucléaire dans l’US Navy. Rickover avait déployé des trésors d’ingéniosité pour faire entrer un réacteur à l’intérieur d’un sous-marin, un problème technique dont la résolution aurait dû prendre une quinzaine d’années. Trois ans à peine avaient suffi à Rickover, à un coût bien moindre que prévu et avec une sécurité parfaite. Lorsque l’USS Nautilus, le premier sous-marin nucléaire, avait plongé sous la calotte polaire, la marine américaine avait été enviée et admirée par le monde entier. Rickover s’était engagé auprès du Congrès à sélectionner lui-même chaque officier admis dans son programme. Lorsque l’amiral refusait une candidature, la décision restait sans appel.

Lorsque Rickover avait fait entrer Kane dans son bureau, celui-ci était inquiet car il ne concevait son avenir que dans la marine et qu’à bord de sous-marins. Il ne ressentait aucune attirance pour les avions. Les bâtiments de surface le rendaient malade, et particulièrement les porte-avions : des bâtiments de surface qui transportaient une bande de chevaliers du manche arrogants. Il était entré à Annapolis parce que la formation y était gratuite et pour le statut social attaché au métier d’officier de marine que cela lui conférait. Alors que la fin des études approchait, il ne s’imaginait pas autrement que sous-marinier. Dans le bureau de Rickover, il se rendit compte que cet homme pourrait bien refuser sa candidature – il avait bien rejeté celle de 40 % des postulants ! Un des candidats qui l’avaient précédé était sorti les yeux brillants.

— Que s’est-il passé ? lui demanda Kane.

— Rickover m’a dit que j’étais trop timide, répondit le midship.

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